Ce pourrait être le canevas d'un feuilleton estival pour la télévision romande. Mais sous la plume devancière de Catherine Colomb, fraîche et originale, l'intrigue est sublimée dans une recherche onirique et ironique menée sur des chemins de mémoire. En 1953 et sous nos latitudes, c'est tout simplement inouï. Comment cette maîtresse de maison «absorbée par son ménage» a-t-elle pu, à l'insu de presque tous, à l'écart des milieux littéraires et dans l'ignorance des références qu'on lui prêtera plus tard, produire ces trois chefs-d'oeuvre que sont «Château d'enfance», «Les esprits de la terre» et «Le temps des anges» ?
Dans ces «romans» extrêmement attachants, polyphoniques, la temporalité est réinventée, les paysages vivent de leur propre poésie et les personnages volent en éclats dans l'éternelles noces à Thomas. La douce nostalgie d'une terre préservée. La saisissante satire d'une société révolue.
La discrète Catherine Colomb réinvente dans «Les esprits de la terre» autant la narration que les paysages de La Côte.
(Daniel Vuataz)
Ce texte a été publié pour la première fois en 2013 dans L'Hebdo Hors-série «Littérature Suisse, 100 livres essentiels».
Rencontre, Lausanne 1953
ISBN: 2-8251-1576-2