Hans Schumacher dissèque de façon exemplaire l’anatomie du pouvoir totalitaire et de son appareil de «correcteurs», en révélant l’«esthétique et l’esprit» de leur mode de fonctionnement et en concluant qu’il est impossible de renverser et d’éliminer un tel système «en s’aplatissant et en rampant», que seuls y réussissent la résistance et la violence. Le saltimbanque à qui revient cette tâche, n’incarne pas uniquement un individu, il représente plutôt, par son talent d’imitateur, un collectif en révolte. Il n’ambitionne ni la gloire personnelle ni les applaudissements pour son acte, mais agit en dehors de toutes prétentions personnelles au pouvoir – consentant ainsi à un sacrifice personnel.
Le roman de Hans Schumacher allie les généralités allégoriques à la précision stylistique, ouvrant ainsi de stupéfiantes perspectives sur les mécanismes psychologiques du pouvoir fasciste. Il finit pas lancer un appel passionné à tous les saltimbanques et les bouffons, c’est-à-dire à nous tous et à notre sentiment de l’honneur: ne laissez pas le pouvoir vous transformer en reptiles et en laquais.
(Beat Mazenauer, trad. par Marielle Larré)
Traduction du titre: L’Heure des saltimbanques
Artemis Verlag, Zürich 1981
ISBN: 3-7608-0558-2