Car, comme souvent chez Burger, le récit est narré à la première personne, à partir du point de vue du protagoniste, et se présente sous la forme d’une longue lettre d’adieu de Diabelli, l’illusionniste désillusionné, à son mécène le baron Harry Kesselring. Dans des textes proches de la confession, Diabelli donne volontiers des informations sur ses tours de magie ainsi que sur son existence tragique, mais au lieu de prendre forme à travers son récit, le rusé narrateur s’estompe de plus en plus au fil de ses « bavardages en coin ». A la fin, tout s’évapore en pure rhétorique. Diabelli se fait disparaître dans un acte hautement élaboré d’autodestruction linguistique. Mais si ce n’était qu’un dernier tour ? Burger prouve, à travers ce récit constamment autoréflectif, qu’il est rompu à l’esthétique postmoderne. L’auteur, habile metteur en scène de lui-même, a par ailleurs poursuivi ce jeu troublant hors de la fiction, en se présentant dans divers média dans le rôle d’un magicien lors de la sortie du livre – un processus ce qui a lui aussi fait beaucoup d’effet !
(Magnus Wieland, traduit par Marie Fleury Wullschleger)
Ed. de l'Aire, Lausanne 1983
ISBN: 978-2-88108-819-3